Salon infirmier 1994:
PROLONGEMENTS, PERSPECTIVES, PROJETS.
Marie-Paule Perier
Cette intervention ne fait que tracer les grandes lignes des
thèmes qui seront abordés dans le proche avenir.
Deux grand projets:
Vers les 4èmes assises des infirmiers en psychiatrie,
elles feront suite au 1° et 2° de fev et nov. 93.
Elles se tiendront le19 nov. 1994 a Rouen.
Le thème en sera: "maladie mentale, handicap mental a partir
de l'exemple de la pédopsychiatrie et de la gerontopsychiatrie, la définition, la
limite, les enjeux pour la pratique du soin en psychiatrie et pour les pratiques de
formation."
Vers une charte de la formation
Les assises souhaitent impulser un mouvement plus large en ce qui
concerne la formation
Fidèle au préambule des réquisits qui dit que "quoi qu'on
pense du nouveau diplôme, des exigences demeurent quant à la formation des futurs
soignants en santé mentale"
En 95 un carrefour de la psychiatrie permettrait d'élaborer
ensemble "une charte de la formation".
Dans un 1° temps les 3° assises
maladie mentale handicap mental, 2 concepts discutés, débattus,
mais pourtant lourds de conséquences pour la personne, son entourage et les
professionnels
A travers 2 extrêmes que sont la pédopsychiatrie et le
gérontopsychiatrie nous tenterons de faire émerger des différences, des spécificité
mais en même temps une continuité de l'être humain
Concernant la pédopsychiatrie, il émerge a l'heure actuelle dans
les media un débat en particulier autour de lautisme, qui voudrait en faire un
handicap réductible au même titre que les malentendants. Que cache cette mode ? Et
df=rrif:rf quels sont les enjeux non dits?
Comme illustration vient a l'idée un court reportage sur France
le 2 Fev.
Particulièrement parlant peut-on dire sagissant d'un
adolescent autiste.
A la demande de ses parents Bruce 18 ans, a été retiré de
l'hôpital de jour qui en avait la charge sous accusation d'incompétence "il
n'apprend rien". Il est confie a une association chargée de "le
(re)éduquer". Sur les images, une éducatrice essaie de faire mettre le couvert a
Bruce, ou plutôt tente desesperement qu'il se saisisse d'assiettes qu'elle lui tend.
Bruce essaie lut par
Divers manifestations d'éviter la situation, puis commence a se
taper contre les murs, tire les cheveux de l'éducatrice.
Fin des images, interview des participants : le discours
réeducatif continue. Personne ne commente, n'analyse, ni ne met un sens sur ces images.
Tout le monde fait comme si Bruce n'avait rien dit, ou plutôt rien signifie de par sa
conduite a l'éducatrice. Il y a un deni consensuel total. Les images venaient la montrer
une souffrance et une angoisse de Bruce qui par des comportements auto et hetero agressifs
tentait de les exprimer sans manifestement être
Si entendu". Personnf n'f=n parle, les images contredisant le
discours réeducateur, soulignant une nécessité d'écoute, dr- so)ns avec de passer a un
quelconque apprentissage toujours source d'angoisse.
Une question se pose. Bruce est-il encore un sujet? Ou bien
n'est-il plus qu'une chose à modeler selon des normes définives afin de le rendre
"présentable" a ses parents d'abord mais surtout aux regard des autres ?
Et c'est bien de la dimension du sujet dont il est question .
Les bases de l'argumentation réeducatrice ont deux soubassements:
- une hégémonie de la génétique et des neurosciences
- un interet économique qui ne dit pas son nom et bien que sous-jacent n'en est pas moins
puissant
Reste que tous les 2 ont les mêmes conséquences :
- évacuer les soins pour des personnes en souffrance psychique
- évacuer la dimension du sujet qui pourtant doit être le noyau même de notre pratique
de notre réflexion et ce tout particulièrement en psychiatrie
Aborder le "fait psychiatrique" par la notion
d'handicap, de réeducation Sociale vide le champ des pratiques psychiatriques
Le "handicap" est un statut social reconnu mais fige, or
le sujet / personne malade qui a à devenir sujet (fut-elle autiste) est un être en
devenir et non un handicape social
Il faudrait être clair entre le choix économique qu'on nous
impose de plus
En plus et le choix des soins et de ce qu'on y investit.
Le soin en psychiatrie, du plus banal au plus élaboré, supposent
des structures de travail, une organisation pour un travail thérapeutique et
institutionnel qui détermine l'espace des soins cela supposant:
- des équipes pluridisciplinaires
- du temps pour des rencontres entre soignants, assistantes sociales,Psychiatre,
psychologues, éducateurs
- du temps pour la formation, l'accès aux bibliothèque, de l'information, Etc ...
Cela demande du temps humain, une reconnaissance de notre
profession, des budgets ....
A partir du moment ou on travaille sur le handicap, on réduit
tout cela, on emploi du personnel d'éducation dans la tranche horaire 9117 et lp: reste
du temps on exploite un personnel non forme dans les soins psychologiques a qui on fait
valoir que la condition de femme est en elle seule suffisant pour le "maternage"
(nursing)
La dimensions des soins en santé mentale suppose des structures
de prise en charge autres, des modalités de prise en charge puis pointues, plus
continues, la aussi cela suppose du temps temps de réunions, d'analyse, de réflexion, de
formation
Mais ces choix de soins entraîne inévitablement des choix
économiques
Opter pour des lieux de soins intra ou extra hospitalier,
réellement soignant entraînent des choix économiques. Or a l'heure actuelle, ils
existent mats ne disent par leur nom, et on assiste avec un parti pris manifeste a des
procès en règle contre les lieux psychiatriques que l'on décrit comme sordides, a cote
de ces edens que sont ces lieux idylliques, des procès déguisés contre les soins en
psychiatrie que l'on ridiculise sciemment
Les soins en santé mentale sont dévalués, discredités et ses
patients Aussi.
On refuse de reconnaitre comme soignants a part entière ses
infirmier(e)s en leur refusant le diplôme d'état d'infirmier auquel ils ont droit, de
part leur diplôme, leur formation (3ans), leur savoir faire. Sous forme de mesures
transitoires on introduit une hiérarchie dans les soins avec pour "modèle" les
soins gènèraux, seuls reconnus compétents au détriment des soins plus flous de la
psychiatrie.
En lisant l'intervention de mme Veil aux rencontres de la
psychiatrie en mars 94, on peut avoir un (léger) sourire. Elle parle d'image négative de
la psychiatrie et propose pour la redorer de créer.... Une commission, mais pas de
reconnaître dans les textes les soignants qui depuis plus de 3c) ans la battissent au
quotidien, comme des infirmiers a part entière qu'ils sont. Jamais le mot me d'infirmier
de secteur psychiatrique n'a ete prononce. On pourrait croire que c'est un "gros
mot" !
Par contre l'accent est mis dans ce discours sur la réinsertion
des patients. Quoi qu'on en pense, et justement par rapport a la difficulté d'articuler
les soins et le travail (réinsertion sociale: première) il nous est demande d'étendre
notre action dans le champ social mais ce, sans que jamais les infirmiers de secteur
psychiatrique y trouvent eux-même leur place comme acteur social.
Voila pourquoi, en ce qui concerne du moins le collectif nous ne
pouvons différencier la question des soins que nous dispensons de celle du diplôme
d'état d'infirmier pour tous les infirmiers de secteur psychiatrique.
Si sur ce thème de "maladie mentale et handicap mental"
a été largement aborde aujourd'hui la pédopsychiatrie, c'est que nous nous devions de
réagir face aux attaques actuelles
Les assises de novembre a Rouen aborderont plus précisement la
notion de maladie et d'handicap, de ses biais, ses dérives, ses limites. Y sera
développé le problème de la gérontopsychiatrie comme par exemple l'exclusion dans les
soins d'uni- personne agée, de la négation de son anxiété, de son angoisse, de sa
dépression sous prétexte qu'elle est atteinte de la maladie d'alzheimer, "on n'y
peut rien parce que c'est neurologique"!!!!
* dans un 211 temps les états généraux les assises devraient
impulser un mouvement plus large pour aller "de la pratique du soin en psychiatrie
aux pratiques de formation". Nous vous proposons donc d'élaborer ensemble: une
"charte de formation" au cours d'états généraux nationaux
"les démarches formatives doivent se servir de l'étude des
situations de soin pour aborder la question du symptôme articule aux actes soignants dans
les dimensions de l'angoisse et du transfert. Car l'action pédagogique ne peut se
réduire a une formation / information. Il s'agit que la formation ait pour objet et pour
support les situations de la vie et la pratique professionnelle au quotidien. Car il n'y
pas de soin sans situation de soin"
D'ou la nécessite de se former:
--- > au repérage des constituants de la spécificité de
soins )elements
--- > a la construction et approximation d'outils théoriques
(du
--- > a la dimension du sujet ) manifeste
Ces états généraux proposeront des espaces de parole:, des
ateliers précis
Comme par exemple:
- quelles connaissances pour une pratique de soins en
pédopsychiatrie ?
- quelles connaissances pour une pratique de soins en
Gerontopsychaitrie?
- quelles articulations avec les soins généraux ?
En postulant que la dimension du sujet étant le noyau de notre
réflexion en psychiatrie. Il ne saurait y avoir d'autre liaison avec les soins généraux
Les états généraux élaboreront, a partir des ateliers, des
propositions qui Seront envoyés aux organisations représentatives.
Un appel est lance a tous pour cette recherche
Les équipes de soins et enseignantes sont sollicitées pour venir
témoigner de leurs expériences, de leurs idées, de leurs difficultés.
Les personnes intéressées par ces projets peuvent laisser leurs
coordonnées
Marie Paule Perier
Infirmière en psychiatrie
Bordeaux