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CHARTE DE L'EXERCICE PROFESSIONNEL
CHARTE DE LEXERCICE PROFESSIONNEL
INFIRMIER EN PSYCHIATRIE ET EN SANTÉ MENTALE
Il sagit de poser les conditions nécessaires pour
un exercice professionnel dans le champ des soins en psychiatrie et en santé mentale.
Considérant que l'infirmier, en tant que soignant,
doit être capable :
- d'identifier des problèmes de soins,
- de réaliser des interventions de soins.
Considérant que cette compétence s'exerce dans le
champ de la psychopathologie et des soins psychiatriques. C'est-à-dire à l'égard de
personnes souffrant de difficultés, voire impossibilité, à établir des liens
psychiques ; difficultés, donc, de la communication non seulement avec le monde
exrtérieur mais aussi de la communication interne, avec soi-même. Ces difficultés d'une
symbolisation du réel (autrement dit, d'une élaboration du réel dans une dimension de
sens) se manifestant dans le symptôme et au travers du sytmptôme.
Considérant que cette compétence non seulement
s'exerce à l'égard de la personne malade hospitalisée, mais se diversifie avec la prise
en charge du patient au sein de la communauté sociale, avec la prise en charge
thérapeutique des familles et le travail de prévention dans la collectivité.
Considérant que, le plus souvent, l'infirmier en
psychiatrie et en santé mentale exerce sa compétence au sein d'un groupe de travail,
qu'il s'agisse d'une équipe soignante ou d'un réseau de partenaires du domaine sanitaire
et social.
Considérant que la dimension thérapeutique des
soins tient à la Présence du Dispositif soignant, c'est-à-dire à la Permanence
permettant l'étayage psychique du patient et à la Cohérence procédant d'une dynamique
relationnelle.
Considérant que les outils thérapeutiques du
dispositif soignant sont repérables dans : l'institution de situations de relation duale
ou plurielle ; l'institution de situations à médiation corporelle ou à médiation
objectale ; l'institution du groupe-équipe soignant.
Considérant que le groupe soignant n'existe que par
son unité diversifiée et mobile, laquelle repose sur l'activité de mentalisation des
soignants, et par sa structuration, laquelle se caractérise par le travail de distinction
des lieux et de distinction des rôles.
Sont établis les Réquisits de lExercice
Professionnel suivants : la signification de la pratique des soins exige
lappropriation par le soignant de sa pratique ; cette appropriation passe par
lexistence de ce quon pourrait appeler un Dispositif Soignant.
Un Dispositif Soignant est lensemble de deux
éléments :
- lexistence dun Cadre Mental
- lexistence dun Cadre Thérapeutique
Une dimension essentielle du Dispositif Soignant est de
pouvoir assurer au patient une contenance à ses projections dangoisse et de
destruction. Cette contenance seffectue dans le contexte dune relation
soignant/soigné où le soignant sengage dans un accueil possible à la souffrance
du patient.
La fonction contenante est la fonction réalisée par lintentionnalité soignante,
telle quelle se manifeste dans lexistence du cadre mental et du cadre
thérapeutique.
1°) Lexistence dun Cadre Mental.
Contenance
La capacité du soignant à accueillir la souffrance de
lautre et à lui offrir un contenant possible implique davoir déjà reconnu,
rencontré, en soi-même et au travers des connaissances, ce en quoi cette souffrance, le
pathos, nous caractérise comme être humain. Ce rapport de chaque soignant et de
léquipe soignante au pathos se manifeste et se signifie dans les pratiques
danalyse, délaboration et de construction des soins et des situations de
soins. Le travail soignant consiste alors en le souci de cette souffrance par le repérage
de ses excès dans la maladie et par lélaboration de conditions de soins qui en
permettent le dépassement.
(Voir " laxe de la formation
personnelle " développé dans la charte
de formation ...)
Étayage sur le cadre mental
Cette activité de mentalisation, " terre
dasile " du patient, réalise laccueil en pensée de la personne
soignée. Doù lidée de cadre mental, qui est précisément lactivité
de mentalisation réalisée par les soignants, cest-à-dire un travail de
représentation, de mise en pensée des situations professionnelles tant dans leurs
constructions cliniques que dans leurs vécus.
De la sorte, le cadre mental ainsi constitué est lieu dexistence pour le patient
dans la dimension de la relation de soins. Existence repérable dans le discours des
soignants et qui revêt la forme des représentations quils se font de la
singularité du cas. La personne malade est constituée en patient par le soignant dans la
construction continue du cas.
Ce travail psychique est rendu possible par létayage de la relation
soignant/soigné sur la capacité contenante elle-même du collectif soignant - la
présence dune équipe.
(Voir " laxe de la formation
théorico-clinique " développé dans la charte de formation...)
Une topologie des soins
Ainsi, la capacité de sollicitude du soignant se
réalise dans la construction dun cadre mental, espace de penser, que le cadre
thérapeutique vient matérialiser. Cet espace topologique est conditionnel de la
rencontre soignant/soigné. Rappelons quil ny a pas de soins sans situations
de soins parlées.
2°) Le Cadre Thérapeutique.
Poser que la problématique des soins en psychiatrie et
en santé mentale sorigine dans celle de la relation, sappuie sur
lobservation que la capacité relationnelle est toujours en question par ce
quelle implique de souffrance. Précisément, souffrance des pertes indissociables
du développement et de la maturation de la personne. En effet, dans la relation est
présente la question de la séparation autant que du lien, puisque la réalisation de ce
dernier suppose lexistence de lautre : la relation est une élaboration
du conflit union/séparation, présence/absence.
La construction du Tiers pour quil y ait relation
Les processus de socialisation sont le produit dun
travail de compromis entre exigences narcissiques et exigences de la réalité
extérieure. La capacité, pour lindividu, de rencontrer les autres et de se
rencontrer soi-même au travers de ces relations suppose quil renonce à la relation
sur le mode fusionnel et construise des relations dans lordre de la tiercéité.
Ce travail de maturation psychique ne peut être réalisé quau sein
denvironnements, à la fois protégés et perméables, qui sont primitivement et
dans des conditions normales, le milieu familial et le milieu scolaire.
Cette problématique du développement psycho-affectif de la personne, dans ses
défaillances et ses échecs et la souffrance qui les accompagne, détermine celle de la
relation de soins dans le champ de la psychiatrie et de la santé mentale.
Pour y répondre, il y a donc nécessité que les soignants construisent une pertinence du
lieu de soins, autrement dit la tiercéité de rencontre des soignants et des
soignés que le dispositif-cadre thérapeutique matérialise et actualise. Il sagit
là dun espace potentiel dont les modes particuliers dexistence (situations de
soins, ateliers...) sont proposés par les soignants aux soignés mais aussi à
eux-mêmes. Ils seront donc pensés de telle sorte que puissent sy jouer les
conflits singuliers de la relation à lexistence humaine, être des attracteurs
particuliers de symbolisation de ces conflits.
Le maillage symbolique du dispositif-cadre
- Du côté des Soignants, le caractère symbolique du
dispositif-cadre quils construisent est double :
- dune part, il représente leur pensée, il est
lexistence matérielle, en objet, de la pensée soignante ; et cette
objectivation est la condition pour que cette pensée puisse se connaître elle-même, se
reconnaître.
- dautre part, il est une représentation concrète
des soignants auprès des soignés, permettant que labsence (des soignants) puisse
être pensée.
Du côté du Tiers institutionnel, le
dispositif-cadre, parce quil concerne tout autant les soignants et les soignés,
matérialise ce qui leur est commun, ce en quoi ils sont semblables vis à vis des
contraintes liées aux processus de symbolisation. Parce que cet objet intermédiaire est
indistinctement aux deux, soignants et soignés, il marque symboliquement le niveau
dindistinction primaire doù émerge(ra) le sujet.
- Du côté des Soignés, le dispositif-cadre remplit au
moins trois fonctions, d'offrir à la fois :
- dans les moments d'absence des soignants ou de vécu de
différence, un tenant lieu corporel commun tant pour les soignés que pour les soignants
;
- un ensemble formalisé extérieur à soi, constitutif d'un
non-moi, condition potentielle d'intériorisation ;
- dans ses diverses modalités, une architecture propice à
la construction d'une permanence de soi.
La nécessité pour le soignant que l'exercice
professionnel se réalise dans un rapport d'appropriation.
Il s'agit que les différents acteurs se
positionnent non pas comme exécutants de décisions prises en dehors d'eux, mais comme
co-auteurs responsables d'une approche globale dans les soins, d'une vision d'ensemble,
d'un travail d'équipe.
Ceci est à considérer selon les dimensions de
l'exercice professionnel, c'est-à-dire dans la pratique des soins, la pratique d'équipe
et les pratiques de formation.
- Le rapport d'appropriation à la pratique des soins existe
dans l'engagement d'une relation soignant-soigné. Cet engagement suppose des modalités
de travail qui permettent cette appropriation : construction du cas et d'un projet
thérapeutique individualisé, attribution de figures soignantes de référence (du
dossier de soins, de tel ou tel atelier thérapeutique...). Chaque soignant contribuant
ainsi à la compréhension du sens des soins réalisés, tant au niveau global des
missions de l'U.F., qu'au niveau particulier de chaque patient.
- Une pratique d'équipe soignante n'existe que dans la
possibilité pour chaque soignant d'être dans un rapport d'appropriation à
l'organisation du travail du service et de l'institution.
Cette appropriation individuelle du sens du collectif suppose la participation de chacun
à l'organisation de l'ensemble, de sorte que chaque " Je " (soignant)
retrouve en l'autre la même position d'implication dans les soins et l'organisation des
soins qui leur donne sens. L'organisation, en effet, a pour fonction d'aider les
" Je " à s'y retrouver dans :
- les relations de soins,
- les relations de travail.
Cet engagement de chacun, non seulement dans l'exécution
mais aussi dans l'élaboration des problématiques et des décisions, se concrétise, par
exemple, dans une politique de réunions qui aurait souci des soignés, des soignants et
de l'institution. ~ Rappelons que l'existence de toute réunion exige d'en définir le
lieu, les horaires, la durée, la périodicité, la population et l'objet ~. Ainsi
trouvera-t-on,
- en direction des soins et des patients : les réunions de
synthèse, les réunions soignants/soignés, les réunions de liaison
inter-institutions...
- en direction des soins et des soignants : les réunions de
régulation, de supervision, les réunions théorico-cliniques...
- en direction de l'organisation des soins et de
l'institution : les réunions institutionnelles soignants/soignés, les réunions
d'équipe infirmière, les réunions d'équipe soignante...
- On comprend dès lors que la formation professionnelle
doit aussi se situer dans la même perspective d'appropriation que les autres dimensions
de l'exercice professionnel.
De ce point de vue, les pratiques de formation ne peuvent être réduites à des
formations-informations. Elles doivent avant tout être des formations développant, non
seulement un rapport à des contenus de savoir, mais aussi un rapport à la pensée, à la
connaissance. De la sorte, il est requis que ces pratiques de formation posent l'objet de
connaissance comme un objet en signification (et non pas comme un objet en soi),
c'est-à-dire dans ses rapports à la fois singuliers ( la réalité des phénomènes) et
universels (le caractère théorisable de ces phénomènes).(voir "les principes pédagogiques" développés dans la
CHARTE DE FORMATION)
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