COMPTE RENDU DES 3èmes ASSISES DES INFIRMIERS EN PSYCHIATRIE
COMPTE RENDU DES 3èmes ASSISES DES INFIRMIERS EN
PSYCHIATRIE
APRES ETRE SORTIS DE LEUR GHETTO, LES PSY REVENDIQUENT
LEUR PRATIQUE ET LEUR ENSEIGNEMENT
Lors de leurs 3èmes ASSISES le 19 Novembre
1994 à ROUEN les infirmiers en psychiatrie se sont penchés sur leur pratique, sur les
soins que tous les jours ils dispensent et ensemble ont réfléchi à des exigences qui,
en matière de formation, devaient faire l'objet d'une charte.
Organisés par le Collectif National de
Mobilisation en Psychiatrie(1), le Comité dEtudes des Formations
lnfirmières(2) et le Groupe de Réflexion Bordelais(3), ces ASSISES, venant
juste après la victoire des infirmiers en psychiatrie, ont permis de constater
unanimement que la profession devait s'atteler à présent à défendre son identité, ses
pratiques, en un mot : son "outil de soin".
Force est de constater que la psychiatrie
et ses patients sont encore trop souvent l'objet de ségrégation, de rejet et de
défiance. Le soin en psychiatrie, flou, mal cerné, difficilement évaluable,
quantifiable, est lui, douteux, suspect en particulier pour des gestionnaires soucieux de
rentabilité à court terme. Objet de polémiques, il rencontre bien des difficultés et
des scepticismes y compris au sein même du corps médical et infirmier dont le modèle
dominant est actuellement le scientisme et la technicité.
Prenant comme postulat que " la personne,
enfant, adulte, adulte âgé, est, en tant que SUJET, le noyau même de notre
pratique et de notre réflexion en psychiatrie ", cette journée
abordait au travers de la pédopsychiatrie et de la géronto-psychiatrie, la définition,
la limite, les enjeux pour la pratique du soin en psychiatrie et pour les pratiques de
formation.
Bien que trop courte, mais rassemblant les trois quarts des
régions de France, ces ASSISES ont permis de "faire le point" de confronter les
idées, les réalités, les inquiétudes et de lancer des perspectives d'avenir.
En premier lieu et donnant le ton, a été faite la
présentations(4) " Du manifeste pour des réquisits de formation des
infirmier(e)s travaillant en psychiatrie et en santé mentale "(5).
Alors que dans le cadre de la réforme des
études, la psychiatrie se pose comme apport optionnel, à travers trois questions se
déterminant réciproquement, apparaissent des exigences quant à la formation pour
travailler en psychiatrie et en santé mentale :
- De quoi doit être faite une formation s'adressant à des
infirmier(e)s ou à des futur(e)s infirmier(e)s en psychiatrie et en santé mentale ?
- Quelles doivent être les compétences d'un(e)
infirmier(e) soignant en psychiatrie et en santé mentale ?
- Qu'est ce que la maladie mentale ? Qu'est ce que la
Santé mentale ?
Cette dernière question en amenant 2 autres :
-Quelles différences entre soins en psychiatrie et en
soins généraux ?
-Maladie Mentale, Handicap Mental ,
quelle différence ? Quels enjeux pour les soins et pour l'enseignement ? Quelles
conséquences pour les patients ?
Dans le prolongement des précédentes
assises(6) qui posaient comme irréductible "le fait psychiatrique", comme
incontournable la gestion du paradoxe qui nous donne mission dans la demande sociale à la
fois du SOIGNER-GUERIR et du GARDER-PROTEGER (contenir sans contraindre), comme outil
soignant l'institution, et comme essentiel de notre travail le banal, le bénin, le
quotidien, le journalier, nous nous sommes attachés à savoir si la segmentation des
pratiques qui tend aujourd'hui à devenir la " NORME " dans le soin et
dans l'enseignement ne serait pas liée à l'évacuation de l'individu en tant que
" sujet " pour ne plus prendre en considération que "
lobjet maladie " ?
Or en psychiatrie, le soin est de
travailler à lier le symptôme dans l'ensemble de l'être pour qu'il disparaisse,
alors que dans les soins généraux il s'agit davantage d'isoler le symptôme de
l'ensemble de l'être pour le traiter et l'éradiquer.
A travers les exposés(7) et prenant comme
exemple l'enfant et la personne âgée, ont été abordées l'identification des
problèmes de soins en psychiatrie et leur réalisation.
Comment, en effet, en psychiatrie et tout
particulièrement en pédopsychiatrie tout comme en géronto-psychiatrie, repérer les
troubles et les affections comme symptômes ? Comment en faire le lien avec l'être dans
toute sa dimension, somatique et psychique ?
Comment réaliser une intervention de soins
en psychiatrie ? Appréhender la personne dans sa singularité ? Travailler sur la
relation de soin (soignant-soigné en situation de soin) ? Comment introduire l'acte
soignant dans les multiples situations de la vie quotidienne: repas thérapeutique,
activités, accueil, etc
Après la synthèse(8), la fin de matinée
fut consacrée à un large débat ou chacun pût apporter son témoignage et très vite a
émergé la nécessité de faire reconnaître une profession, une formation, un soin, une
culture que personne ne veut aujourd'hui voir disparaître.
L'après-midi dans des ateliers se sont
posés les problèmes de formation, les rapports entre soignants et enseignants, l'accueil
des lieux de stages, l'adéquation entre l'enseignement et la pratique, comment en 4
semaines de stage former un étudiant à la pratique du secteur, de l'institution, à la
pratique du soin en psychiatrie, à la maladie mentale ? Comment évaluer des objectifs de
stage avec des grilles conçues pour la pratique en soins généraux, outils dans leur
contenu trop techniques, morcelant la personne humaine et par là même l'acte soignant en
psychiatrie?
Très vite sont apparus des remises en causes de
l'évaluation actuelle et des débats sen sont suivis avec des points de vues
différents mais surtout constat a été fait de la nécessité de travailler sur la
formation en terme de programme et en terme de projet c'est a dire en terme de programme
de formation :
élaborer des contenus de formation
permettant de former réellement des professionnelles aux soins psychiatriques intra
hospitalier mais AUSSI extra hospitalier et, en terme de projet de formation, dégager des
orientations pédagogiques véritablement formatrices à la dimension du SUJET: non
émiettement des connaissances et non émiettement des comportements
La contribution de TOUS a été demandée.
La profession toute entière soignants - enseignants doit se rencontrer, écrire,
élaborer les bases pour une charte commune de formation.
De partout apparaissent des réflexions,
des exigences , il faut les rassembler et préparer les états généraux de la
psychiatrie
Le 30 mars 1992 un arrêté mettait fin à
une profession en mal de reconnaissance, le 19 Novembre 94 à Rouen la profession forte
d'une victoire, rebondit pour exiger une reconnaissance de son identité, du soin en
psychiatrie et de la formation indispensable qui s'en réfère.
Dans l'enthousiasme général, rendez-vous
à été donné à ALBI ou TOULOUSE pour les 4èmes ASSISES des infirmiers en
psychiatrie.
à linitiative de la mobilisation aboutissant à
loctroi de droit du Diplôme dEtat Infirmier pour tous les infirmiers de
secteur psychiatrique qui en font la demande
CEFI : organisme national associant enseignants et
soignants des secteurs soins généraux et psychiatriques
Groupe denseignants de lécole de cadre de
Bordeaux
Présentation de Sylviane HOCHER et Jean-Yves CASEAUX
Ce manifeste a fait lobjet dune publication sous
le titre " PLADOYER POUR UNE FORMATION DES INFIRMIERS EN PSYCHIATRIE ET EN
SANTE MENTALE " dans Soins Formation-Pédagogie-Encadrement N° 5-1er
trimestre 1993.
" Lidentité des soignants au travers du
quotidien du journalier du banal et du bénin " Josette DESMAISONS Cathy
HABOUZIT Marie-Paule PERIER Christiane VANDERKAM publié dans SOINS
PSYCHIATRIE N° 157-Novembre 1993
" Former à la pratique du secteur " Sylviane HOCHER Françoise
BIGOT-PIGEON Jean-Claude LAUMONIER publié dans SOINS PSYCHIATRIE
N°157-Novembre 1993
" Linstitution comme outil soignant : les références du
soin " Jean-Yves CAZEAUX publié dans SOINS PSYCHIATRIE N° 157- Novembre 1993
" Le rapport au diagnostic " Eliane MERCIER publié dans SOINS
PSYCHIATRIE N° 157- Novembre 1993
" Pourquoi le fait psychiatrique doit-il être au centre dune formation
des soignants intervenant en psychiatrie et en santé mentale " CEFISM
" Que se passe-t-il en Europe ? " Maurice BENZAKIM
Cécile CARON, cadre infirmier psychiatrique :
" Quen est-il de notre désir ?
Katia BAYEUX, psychologue dans un service de gérontologie en hôpital général :
" Aspect théorique de la prise en charge du sujet âgé "
Françoise POZZAN, cadre infirmier psychiatrique et Frania PRZEWOZNY, infirmière en
psychiatrie :
faite par Jean-Paul ABRIBAT du Groupe de
Réflexion Bordelais
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