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Intervention de Christane Vanderkam
Intervention de Christiane Vanderkam
Je vais vous proposer soit des questions soit des points
de repères, pour voir comment on peut travailler ensemble cette question :
« Quelle formation complémentaire pour les
infirmiers exerçant en santé mentale ? »
Bien évidemment, cette question « quelle
formation » est très liée à :
quels soins infirmiers voulons-nous ?
le contexte actuel dans nos
institutions ;
la politique de santé mentale, comme on
l'a très bien vu d'ailleurs lors des exposés de ce matin ;
et plus largement, elle est liée à la
question de la santé en général, de l'évolution des métiers de la santé et de
l'évolution des formations.
Dans un premier temps, c'est pour interroger ce contexte
général d'exercice et de formation que je vous propose d'avoir bien en tête ce qui a
été rappelé tout à l'heure, le contexte de pénurie et d'économie, qui introduit et
qui développe des inégalités croissantes entre les types de pathologies et les types de
prises en charge avec ce que l'on sait des conséquences prévisibles car nous avons
déjà connu de tels contextes : c'est automatiquement le secteur de la santé
mentale et de la maladie mentale qui est le plus touché.
Le deuxième point, c'est la multiplication de nouveaux
métiers dans le médico-social et la prise en compte du bénévolat qui aboutissent à un
tronçonnage des espaces jusqu'alors clairement définis, accompagnés d'un tronçonnage
bien évidemment des prises en charge.
La question de l'introduction de la Validation des Acquis
de l'Expérience (VAE), déjà mise en uvre pour les aides soignantes à partir de
maintenant, et prévue pour les infirmiers fin 2006. Cette VAE interroge sur la place de
la formation, sur la question de la valeur des diplômes, avec le risque de survaloriser
lexpérience et les savoirs-faire au détriment de la formation, le risque
dintroduire des différences de niveau de diplômes. On est là tout à fait dans la
question de la marchandisation de la formation développée par le libéralisme. Et cela
nécessiterait que lon élabore ensemble sur la question de la différence entre
reconnaissance de qualification et système par compétences. On peut penser que le
système par compétences introduit justement une dérégulation sociale avec un risque de
régulation sauvage du patronat, cest-à-dire que, là, on est vraiment dans la
« formation marchandise ».
C'est donc la question du transfert de compétences,
déjà expérimentée depuis plus dun an, qui maintenant se formalise sous forme de
délégation dun métier à un autre ; cest-à-dire linfirmière qui
assure une partie du travail médical, laide-soignante qui assure une partie du
travail infirmier
À ce propos, je ne sais pas si vous avez vu les derniers
communiqués de lAPM, mais, tout récemment puisque cétait la semaine
dernière, le ministre de la Santé vient de décider dadapter, dans le cadre
européen, le cadre de lexercice professionnel et donc celui de la
formation pour plusieurs professions paramédicales dont les infirmiers. Le principe
fondamental de cette réforme est celui, je cite : « de la mise en uvre
de parcours universitaires qui permettent dallier à la qualité de la formation
théorique et pratique, le bénéfice des équivalences, des passerelles
inter-professionnelles, dune formation à et par la recherche. Le principe de fond
est le principe de délégation des tâches. » Et cela se fera dans le cadre de
procédures universitaires dhabilitation.
Petite conclusion : on voit bien que le contexte
actuel, est celui d'une multiplication des niveaux de diplômes et de formations et, petit
clin dil à 1988, je vous rappelle quen 88, quand ce qui se passe
aujourd'hui avec la réforme de la formation des aides-soignants a été tentée pour la
formation infirmière, cest-à-dire quand Mme Barzach, à lépoque ministre de
la Santé, avait voulu baisser le niveau de recrutement dans les écoles
dinfirmières, cest ça qui a fait que 100 000 infirmières en France se sont
levées et on dit : Non ! nous voulons un maintien dune qualité de formation
pour une qualité des soins infirmiers.
Comment aborder la question de la formation en
psychiatrie aujourdhui ?
Marie-Paule Périer la dit dans son
introduction : le pire des dangers, ce serait de gommer lhistoire. Beaucoup de
choses ont été écrites. En particulier, je vous invite à relire un certain nombre
danalyses que le Collectif national de mobilisation en psychiatrie avait sorties à
lépoque : parce que, si vous vous souvenez du débat qui a traversé la profession,
cétait un débat entre spécificité ou spécialisation. Et, en fait, nous ne
sommes jamais arrivés vraiment à nous mettre daccord au niveau professionnel, car
les différentes centrales syndicales et associations ont toujours été beaucoup plus
polarisées par la défense dintérêts plus généraux que par la prise en compte
des besoins réels en soins psychiatriques. D'où, je vous invite à rayer, à gommer, ce
terme de spécificité qui continue à être utilisé quand il sagit de ne
pas reconnaître la particularité du travail infirmier en psychiatrie ; car ce terme
de spécificité est aujourdhui utilisé de nouveau, par rapport à ce qui se
discute, contre la spécialisation pour les infirmiers en psychiatrie.
Par rapport à cela, ce quil faut comprendre,
cest que dans la contexte actuel, la seule réalité possible, cest la spécialisation.
Il ny en a pas dautre.
Cest dailleurs le statut que lEurope
reconnaissait aux infirmiers en psychiatrie, elle la écrit
Intervention inaudible
La question de lharmonisation au niveau européen
sest posée autour des recommandations de 86 pour les formations infirmières en
psychiatrie, et ce projet a ensuite été abandonné. Mais en fait, elles ont imprégné
les choix qui ont été faits en 77 et, il faut le dire, en 77 nous navions pas
conscience, au niveau de la profession, de limportance de cette question de
lEurope. Il y a eu quelques articles, en particulier dHorassius et
dautres, qui justement ont mis en garde la profession et le milieu de la santé
mentale sur cette question. Mais cest vrai que personne navait notion du poids
quallaient prendre les directives européennes, directives qui, je le rappelle de
suite, ne sont jamais venues den haut mais ont toujours été faites avec la
participation des États ; la France, notamment, qui avait alors un poids tout à fait
particulier. Et donc, il suffisait que le gouvernement français à lépoque,
et puis quand on a fait la mobilisation, etc. reconnaisse que les infirmiers de
secteur psychiatrique avaient une formation équivalente en qualité aux normes
européennes pour que nous soyons reconnus dans les directives. En fait, tout le monde
sest opposé à cette solution, sauf les infirmiers et ceux qui les ont soutenus,
qui se sont mobilisés.
Aujourdhui, il y a un débat portant sur une
modalité de diplôme en Y, dans le contexte de la mise en place de la LMD. À mon avis,
cela reste très problématique et je vous invite, là aussi, à ne pas prendre des
vessies pour des lanternes. Cest très problématique car je ne vois pas comment on
va faire entrer 3 600 heures de formation en trois ans de rythme universitaire. Là, il y
a un problème par rapport aux normes européennes, et les formules qui sont avancées ne
sont pas des formules de spécialisation dinfirmier en santé mentale mais des
formules dinfirmières cliniciennes qui seraient spécialisées dans tous les
domaines de la santé, cest-à-dire diabétologie, cardiologie, urologie, jen
passe et des meilleures et là-dedans, il y aurait santé mentale, ce qui nest pas
du tout la même chose.
Alors, comment lIFSI sest-il positionné par
rapport à tout ça et comment nous continuons à nous positionner ? Vous le savez,
mais je vais aller très vite, dès 99 nous avons monté un projet de formation
complémentaire équivalent à une spécialisation normes européennes, cest-à-dire
équivalent à 1500 heures de formation avec 750 heures de théorie, le reste de pratique,
dans le cadre de la formation continue. Cela voulait dire que les stages, ou ce qui
équivaut aux stages, se traduisent par les temps où les stagiaires en formation sont sur
leur lieu dexercice professionnel, mais avec des objectifs à remplir, réinsérés
dans la trajectoire de formation, etc. Il sagissait pour nous, et il sagit
toujours pour nous, dune position éthique et stratégique qui consiste, en fait, à
faire vivre les choses pour faire avancer la réalité. Nous pensons quà un moment
donné, il faut quil y ait des expériences et des mises en uvre de ce que
peut donner la spécialisation pour que cela rende accessible et crédible cette question
bien plus largement autour de nous. Il sagissait donc de faire faire
lexpérience à des professionnels en pensant que les effets de fond dune
formation ont toujours des répercussions de fond dans les services, dans les
institutions, etc.
Donc, avec ce projet, démarré en 99, mis en
uvre pour la première fois à partir de 2002, nous avons une expérience de deux
promotions sur trois années qui se sont succédées. Entre temps, vous le savez, il y a
eu ces nouvelles orientations en termes de formation dadaptation à lemploi
que nous navons pas pu laisser de côté, et vis-à-vis desquelles nous nous sommes
positionnés de la façon suivante : nous continuons à occuper le terrain de la
spécialisation en maintenant notre formation complémentaire même si nous
lavons un petit peu réaménagée pour quelle puisse en partie entrer dans ce
cadre. En même temps, nous occupons le terrain de la formation dadaptation à
lemploi et de la formation au tutorat, parce que nous pensons que beaucoup de
débats vont se mener par ce biais là, et que les institutions, de fait, vont être
confrontées à la réalité de ces deux types de formation. Cela ne peut
quentraîner une demande et une concrétisation de ce que peut être une vraie
formation de spécialisation en santé mentale. Au niveau de la Région, cest vrai
que cest bien parti puisque cest parti sous la forme dun travail
régional entre IFSI, qui risque davoir des effets de structuration et de
construction au niveau régional dune réflexion sur les contenus nécessaires de
formation pour travailler en psychiatrie. Mais nous pensons que cela ne peut pas être
quau niveau régional et que, peut-être ce serait à voir aujourdhui, une des
initiatives qui serait à imaginer en lien avec ces Assises, ce serait de voir quels
relais et quelles structures on pourrait imaginer au niveau national, et peut-être au
niveau européen mais commençons par le niveau national. Quelles structures
permettraient de mener très concrètement ce débat aujourdhui sur la question de
ladaptation et sur la spécialisation ?
Je vais de suite laisser la parole à Jean-Yves Casaux,
parce que ce qui maurait intéressée, compte tenu de la présence de stagiaires de
la formation complémentaire, cest quils sexpriment. Il y ici des
formateurs de lIFSI, cela aurait été intéressant quils sexpriment
aussi. Jai en tête énormément de choses que jaurais aimé échanger avec
vous, nées par exemple du dernier bilan que jai eu hier avec des étudiants de
deuxième année et qui pour moi, dune façon très concrète, pose la question de
comment on construit pédagogiquement un projet de formation pour préparer des étudiants
et des professionnels à exercer en santé mentale. Comment, dans le cadre de la formation
initiale, ne pas tomber dans le guêpier de ces modules séparés, etc. et faire en sorte
que le travail de fond, en terme de position professionnelle tel quon le travaille
à travers les modules de psychiatrie, soit travaillé beaucoup plus largement dans
lensemble de la formation pour que lespace psychiatrique ne soit pas une
verrue dans un processus de formation, mais imprègne vraiment la construction dune
position professionnelle ?
Je terminerai simplement en disant que cest une
question qui me tient extrêmement à cur parce que je my reconnais : je
my reconnais en tant quinfirmière psychiatrique dorigine, en tant que
formatrice de métier et en tant que directrice dinstitut de formation. À ces deux
derniers titres et par rapport aux questions de pédagogie, je suis tous les jours
surprise de voir à quel point ce dont il a été question ce matin sur le fond
(cest-à-dire par rapport à ce qui est essentiel dans le métier infirmier en
psychiatrie), cette capacité dinterroger les phénomènes, de chercher des outils
théoriques pour les comprendre, de pouvoir élaborer, dans un collectif soignant,
justement quelle théorisation possible et comment installer et construire dans la durée
quelque chose qui soit de lordre dun projet, je crois que notre pédagogie à
linstitut, dans ses moindres détails en tous cas au niveau de la formation
complémentaire cest à ce niveau là quelle se situe. Et pour moi,
cest très important, parce que cette conception pédagogique, c'est ce qui fait la
différence entre un projet écrit susceptible dêtre repris en tant que
projet dans X endroits et un projet réalisé. Mais qui va porter ce projet, avec quelle
boussole et quelles conceptions de la formation sur le fond ? cest cela qui
serait intéressent à échanger.
Intervention de Jean-Yves Casaux
Je vais dire quelque chose, non pas sur la formation
complémentaire en tant que telle, parce que ça, après tout, vous pouvez avoir le
programme qui va vous indiquer les types de contenus qui sont abordés. Vous vous doutez
bien que ces contenus ne sont pas tombés du ciel et quils sont assez étroitement,
comme vous pouvez le voir, en rapport avec des nécessités de terrain, de connaissances
pour travailler sur le terrain.
Mais, comme Christiane Vanderkam la rappelé, la
formation complémentaire nindique pas comment cette formation, en tant
quorientation pédagogique, est réalisée. Donc, ce que je voudrais essayer de
dire, en très peu de temps, cest ce qui nous préoccupe et ce que, je crois, nous
réalisons au moins un peu dans les formations que nous faisons et qui nest pas
seulement dans la formation complémentaire, il faut bien le dire, mais enfin, notamment
à cette occasion-là. À cette occasion-là, parce que cest une formation qui est
une formation longue, et ça cest très intéressant et très important, parce
quil y a un travail auprès des personnes, entre formés et formateurs, qui a le
mérite de sinstaller dans une inscription de temporalité et donc qui fait
inscription psychique bien davantage que des ponctualités, comme ça, éparses, qui ont
tendance à renvoyer au morcellement que lon connaît un peu partout.
Rentrons dans ce contenu, mais en terme
dorientation pédagogique, je dirais éthico-pédagogique dailleurs. Il y a
quatre choses qui nous paraissent devoir être travaillées et qui le sont, je crois alors
peut-être avec plus ou moins de bonheur, ça cest à voir . Le fait d'une formation
longue induit que les formés rentrent dans une expérience que jappellerai, même
si elle est pédagogique, une expérience de vie, tout simplement, où quatre choses sont
en jeu :
la relation à soi,
la relation à lobjet de
connaissance, au savoir,
la relation aux autres par
lintermédiaire du groupe et des activités de groupe et aussi
la relation au cadre, parce que si on
parle de dispositif-cadre thérapeutique, en ce qui me concerne, je suis particulièrement
attentif à la dimension du dispositif-cadre pédagogique, qui, au fond est le répondant
du dispositif-cadre thérapeutique, chaque lieu et chaque particularité de lieu étant
respectés.
Une fois dit ça, comme jai très peu de temps, je
vais essayer de pointer sur des choses encore plus profondes et plus particulières,
rapidement pour faire questionnement, cest tout
Cest comment on a
tendance et on travaille à réfléchir ensemble parce quon fait quand même des
régulations déquipe aussi, donc ça renvoie à la question des régulations
nécessaires aussi sur le terrain . Je vais vous parler de
« quoi-il-y-a-sur-le-terrain », cest-à-dire des régulations pour voir
comment on se situe par rapport au savoir, par rapport à comment on présente, mine de
rien, à notre insu, le savoir aux étudiants et aux formés : est-ce quon le
présente dune manière surmoïque, comme quelque chose qui existe absolument, comme
une perfection quelque part quon doit acquérir, ou bien est-ce que cest
justement une dimension dappropriation, donc de travail, de mesure de soi-même
à..., sans renoncer pour autant aux exigences qui sont obligées pour des examens et un
certain niveau, bien sûr. Et, à ce sujet, ce dont je me suis aperçu en travaillant à
préparer mon intervention, parce que jai beaucoup plus travaillé pour
aujourdhui que je ne vais dire, en fait, comme cest très souvent le cas
dailleurs. Vous vous rappellerez que, en tant quétudiant, quand vous avez un
exposé à faire et de ce point de vue il ny a pas tant de différence que ça entre
un étudiant et un enseignant, du moins quelquun qui fait une conférence cest
quil travaille beaucoup (enfin, en principe) pour le peu quil présente aux
autres. Jimagine que pour votre exposé de tout à lheure, ça a dû
être pareil, vue la qualité de la chose. Je me suis aperçu récemment pas de ce
que je faisais parce que je le fais depuis, je crois, un certain temps mais
jai commencé, je crois, à moins que je ne me trompe, à laide de D.W.
Winnicott notamment, à comprendre un peu ce que je faisais et ce que nous faisions, du
même coup, puisque nous sommes quand même ensemble et que nous discutons sur comment on
interpelle et au nom de quoi on interpelle les étudiants par rapport à lexistence,
par rapport au savoir, cétait que non seulement on les interpelle évidemment sur
des connaissances quils doivent acquérir, comment ils les manient, ceci, cela, ce
quon appelle lutilisation de lobjet, comme vous pourrez lire chez
Winnicott dans Jeu et réalité, un livre assez complexe par ailleurs, mais aussi
et ça ce nest pas courant, je pense, en pédagogie et cest bien
dommage cest quil est adressé une interpellation aux stagiaires en
terme de « demande dêtre ».
Au nom de quoi peut-on faire une « demande
dêtre » ? Eh bien au nom que, non seulement il sagit que les
étudiants, évidemment, travaillent à mettre des choses en cohérence en termes de
savoir, que les réponses soient cohérentes, que largumentation soit cohérente,
que les savoirs se répondent bien les uns les autres, mais est-ce que, non seulement, ça
a du sens en termes pas de non-sens rationnels mais est-ce que ça a du
sens pour eux ? Comment se positionnent-ils dans la vie avec ça et par rapport
à ça ? Et ça, cest une demande qui est très curieuse en général, qui est
reçue de manière très curieuse par les gens, et dune manière très déconcertée
et très déconcertante, au début du moins.
Parce quen fait, pour les connaissances que
jai, et que vous avez sans doute aussi, vous savez très bien quil y a deux
types dinvestissement dans la vie : un investissement de type narcissique, le
premier objet cest soi et on ne labandonne jamais et on na pas
tort et aussi linvestissement dobjets extérieurs à soi auxquels on
prête son narcissisme et on le retire parfois. En tous les cas, camper ces deux
réalités-là qui sont souvent antagonistes, pas toujours, eh bien les formations en
général, en termes dexigence, sadressent toujours et sont vécues par les
stagiaires la plupart du temps comme des demandes venant dune réalité extérieure
qui simpose aux gens et qui "les fait chier". Pour autant, cela ne veut
pas dire non plus quil ne faut pas tenir compte de ces demandes. Mais en même
temps, comment travailler à ce quon n'en reste pas là, cest-à-dire que
quelque chose soit vécu quasiment seulement que sur le mode de la contrainte ? Même si
cette contrainte est vécue comme nécessaire et racontée comme nécessaire et reparlée
comme nécessaire et démontrée comme nécessaire. Eh bien, je crois que cest en
ayant la capacité de sintéresser aux gens, qu'ils perçoivent et vivent cette
considération et donc, de séduire l'autre au sens d'opérer une attraction de
l'investissement narcissique, cest-à-dire quils se sentent concernés, comme
dit D. W. Winnicott encore, impliqués par la question des savoirs ; donc
jemploie ici narcissisme au sens positif du terme. Alors comment travailler
ladresse au narcissisme dune manière formative ? Cest certainement
pas en flattant le bonhomme ou la bonne femme, bien sûr. Eh bien je crois, et cela a
été présent dans le discours de ce matin, même si cétait dit en termes de
soins, et notamment parce que vous vous êtes beaucoup appuyés sur deux auteurs
quon discute en ce moment, qui ont le mérite décrire récemment des articles
très intéressants, donc D.-R. Dufour et C. Dejours, cest ce quon appelle le
fait humain, cest-à-dire quels sont les déterminismes humains ? Parce que ces
déterminismes humains, ils sont les mêmes, tant du côté du malade mental que de nous,
et donc, dans la relation pédagogique, de lélève comme du formateur, même si on
est posé chacun respectivement dans son lieu, dune manière inégale et
nécessairement inégale pour que quelque chose de cette inégalité se modifie. Je ne
rappellerai donc pas quelles sont les caractéristiques de ce fait humain, il en a été
dit quelque chose tout à l'heure, mais cette demande dêtre, cest de
sadresser à cela de lautre parce que cela de lautre, je ne lai
pas oublié pour moi-même. Évidemment, si on la oublié pour soi-même, on est
très mal placé pour le demander à lautre. Ce qui suppose quen terme de
formateur, on revisite dans la relation pédagogique et cest là que je vais
arrêter tout ce qui est en questionnement de ces contradictions, du rapport au savoir
etc., que lon a pu vivre et qui doit forcément être vivant encore en nous, y
compris de la relation à lautre. Puisquil y a une demande dêtre, il ne
s'agit pas de nimporte quelle relation, cest-à-dire quil faut nouer une
relation tout en sachant pour le formateur ce nest pas indifférent par rapport aux
soins que cette relation qui doit être assez intense est dentrée de jeu, pour lui,
impliquée par « y mettre fin », cest-à-dire que la finalité comporte
sa propre fin. Mais fin posée dès le début, cest-à-dire en fait,
et pour terminer, re-rencontrer, à chaque fois, avec chaque étudiant ou étudiante,
chaque groupe, à la fois le plaisir et la douleur daimer... et la question de
l'objet.
Voilà.
Applaudissements
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