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Pourquoi une Charte de l'exercice professionnel
Pourquoi une Charte de l'Exercice
Professionnel ?
A qui s'adresse ce travail ?
A toute la profession des infirmiers qui exercent en
psychiatrie, au-delà des divergences associatives et syndicales, quelles que soient les
orientations thérapeutiques.
Cette Charte de l'Exercice Professionnel s'inscrit dans une suite logique à la "
Charte de Formation pour des Infirmiers en psychiatrie et en santé mentale",
adoptée lors des 4èmes Assises Nationales des Infirmiers en Psychiatrie le 9 décembre
1995 à Albi.
Cette Charte est l'occasion de rappeler les valeurs et
les axes de travail indispensables centrés sur les soins à la personne soignée.
Ce qui caractérise le champ des soins psychiatriques,
ainsi que plus largement celui de la psychopathologie dans le champ social, c'est qu'il
s'agit de prendre en compte la pensée malade: non seulement au niveau des personnes et/ou
groupes, mais encore au niveau des relations sociales elles-même.
Parler d'une pensée malade, c'est dire qu'il existe un
dysfonctionnement dans l'élaboration du rapport aux êtres et au monde, dans le refus ou
l'impossibilité de se penser, le refus de l'altérité.
De cela témoigne, en cette période chahutée pour
le système sanitaire dans son entier, notamment pour la psychiatrie, la diminution
criante des capacités à soigner :
Le manque de lits, et dans le même temps
la considération du malade réduite au lit- d'où l'invention de termes comme "lit
surnuméraire", "surcapacité", etc..
Le morcellement de l'activité de
l'infirmier(e), tant au niveau de la quotidienneté de la pratique que du délestage des
tâches vers d'autres catégories professionnelles, ce qui altère la prise en charge
globale des soins.
La formation initiale non suffisante pour
un exercice professionnel en psychiatrie( cf. Charte de Formation). Par exemple, une
certaine méconnaissance des mécanismes projectifs fait que la violence est reçue par
les soignants telle quelle, et comme adressée à soi ; d'où un risque de
généralisation de pratiques réactionnelles et banalisées de la contention. Celle-ci,
qui pose la question de la contenance, ne peut pourtant pas systématiquement en tenir
lieu
La diminution de l'accessibilité à la
formation continue, parallèlement à la mise en place de la VAE ( Validation des Acquis
de l'Expérience) qui, par définition survalorise les savoir-faire, au détriment d'une
capacité à penser.
La précarisation des professionnels dans
leurs pratiques mêmes, à laquelle contribuent :
a) l'absence d'un cadre de travail suffisamment stable
pour les soignants, dû au "turn-over" du personnel ;
b) les "transmissions ciblées" qui prétendent
répondre à un souci de rationalité des pratiques de soins et tendent inéluctablement
vers une réduction du contenu des observations et un appauvrissement de l'analyse des
problématiques de soins.
c) la diminution du temps des échanges - rationalisée,
entre autres, par les transmissions ciblées, la multiplication des protocoles, etc... -
vient attaquer l'existence même de l'équipe soignante. Celle-ci est seule véritablement
porteuse des liens et de leur mise en sens par un travail en commun, socle essentiel de la
continuité des soins en psychiatrie, à laquelle aucune technique de transmission ne peut
répondre en tant que telle.
Au regard de ces considérations, il nous paraît
important, et urgent, de réfléchir à ce que, dès le départ, nous avons nommé le
fait psychiatrique.
D'où découle, selon nous, la nécessité
professionnelle infirmière, notamment en psychiatrie, d'interroger la relation, la
rencontre, la continuité des soins, le cadre thérapeutique, la permanence et la
cohérence des soins dispensés en équipe.
Tous ces éléments sont précisément nommés et
abordés dans le texte que nous vous proposons d'une Charte de l'Exercice Professionnel
Infirmier en Psychiatrie et en Santé Mentale, qui vise à les inscrire comme référentiels
significatifs du soin en psychiatrie et en santé mentale.
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