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ROUEN le 19/11/1994
Maladie mentale, handicap mental
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Comptes-rendus des ateliers
  COMPTE RENDU DES ATELIERS

COMPTE RENDU DE L'ATELIER N° 1

Il a été rappelé que les connaissances psychanalytiques pouvaient aider à comprendre ce qui se passe dans la pratique, que dans la situation de soin la première personne c'est le patient.

Les étudiants ont du mal à prendre leurs distances car pour eux travailler c'est agir. Il y a peu de travail de compréhension autour du patient.

  1. La formation doit servir à la compréhension du sujet au sein de la société.

    Ont été discutés les points communs entre un infirmier en psychiatrie et un infirmier en soins généraux: 2 pistes :

    • le sujet soigné doit l'être dans sa globalité
    • technique et relationnel ne sont pas opposés ; ils sont différents.
  2. Le travail technique, relationnel est spécifique en secteur psychiatrique :

    On travaille avec des gens qui ont un rapport au réel perturbé et une relation au monde et à eux même différente.
    On doit pouvoir le faire saisir aux étudiants, ce qui n'est pas toujours facile. Il est à noter un décalage entre la théorie et la pratique, certains viennent en stage avec seulement un " effleurage " de la psychiatrie.

  3. Il faut travailler dans les IFSI les retours de stages. Des conflits naissent au sein des promotions (semblables avec ceux au sein des équipes)
    1. - PREPARER LE STAGE. Travailler les projets de formation du stage avec les équipes recevant les étudiants

      - Il nous faut définir la technicité de nos soins en secteur psychiatrique

      • NOMENCLATURE
      • RECONNAISSANCE

      Mais la technique n'a pas de sens en elle-même, elle n'en a que par rapport a l'utilisation qui en sera faite, ce ne peut être une idéologie mais il faut la ramener à ce qu'elle est : UN OUTIL.

      - Pas de délégation possible de soin en santé mental, d'où une réflexion sur la place des aides-soignantes en psychiatrie. Le risque, à force de déléguer entre les psychologues, assistantes sociales, éducateurs et aides soignant, est : où nous situerons-nous ?

    2. Il faut redonner au SOIN un SENS dans le BANAL/LE BENIN.
  4. Doit être inscrit dans la formation la notion du temps difficilement quantifiable en psychiatrie, ce qui va à l'inverse de la logique actuelle de gestion.

    " Savoir perdre du temps pour expliquer et montrer comment soigner correspond à apparemment ne pas agir ", est souvent assimilé à ne rien faire, pourtant, " ne pas agir " prend du sens en psychiatrie.

  5. La démarche de soin demande beaucoup d'énergie et de temps au détriment de la recherche personnelle et du savoir être
    peut-être ce D. E. 1. n'est-il qu'un diplôme de base ?
  6. Il manque les fondements du soin en psychiatrie: SOCIOLOGIE - ETHNOLOGIE -SCIENCES HUMAINES ? etc ...

COMPTE RENDU DE L'ATELIER N° 2

Points principaux : idées et réflexions qui ont fait l'objet d'échanges intenses des participants difficiles à retranscrire.

lère IDEE : d'abord repérer la nature du travail infirmier. Etre soignant qu'est-ce que c'est ? Qu'est-ce que je fais dans le quotidien qui fait de moi un soignant ? Si cette question n'est pas posée, si on n'y répond pas, alors comment peut-on transmettre l'essence de ce que nous faisons ? ! ... Mais pour cela avons- nous réellement identifié ce que nous nommons : " l'acte soignant en psychiatrie ". Pour l'identifier et le transmettre à nos futurs collègues cela suppose d'avoir d'abord certaines exigences vis-à-vis de nous en tant que professionnels, vis à vis des autres, des structures, des dispositifs de soins et de formations.

Donc commençons par OSER DIRE. Oser parler, nommer, écrire, comprendre notre travail pour ensuite pourvoir former les futurs professionnels en psychiatrie.

Cela nécessite bien sûr des moyens d'abord personnels mais aussi collectifs !

En ce qui concerne l'écriture et les écrits professionnels, il y a là deux aspects :

- 1° Ecrire pour soi, c'est important, c'est utile pour une qualité de travail dans la relation soignant-soigné. C'est également nous obliger à mettre des mots sur des impressions, des ressentis, à réfléchir et comprendre une interaction, une situation, un contexte. C'est aussi mettre en mémoire notre pratique personnelle.

- 2° Ecrire aussi pour les autres, là aussi c'est important pour communiquer, transmettre, discuter et accepter de fait, l'écoute et le regard de l'autre, des autres.

* Ecrire pour soi rend utile d'avoir sur soi un carnet et y noter ce que l'on fait sur le lieu de travail au fil du temps, de que l'on ressent aussi, car, à partir de la peur, parfois de l'ennui, sentiments ressentis face à la psychose, il est possible de prendre ainsi une certaine distance et ainsi de pouvoir mieux en parler dans l'équipe. Cette méthode permet de restituer aux autres notre " ressenti ", de participer au développement du sens clinique des infirmiers et avec l'appui de références théoriques et conceptuelles être, peut-être, la base de ce qu'on appelle la théorisation du soin infirmier en psychiatrie.

* Ecrire pour les autres oblige à un support : cahier de rapport, dossier de soin, etc ... Il y a en psychiatrie nécessité que l'équipe soit solidaire dans le travail institutionnel, il y a nécessité également que le travail des uns et des autres soit repris en équipe.

De même qu'il est nécessaire d'écrire, de parler de ce que l'on fait, de ce que l'on ressent en tant qu'infirmier dans l'exercice de la politique au quotidien, il est nécessaire que les élèves infirmiers parlent, écrivent ce qu'ils font et ce qu'ils ressentent dans les différentes situations de soins auxquels ils sont confrontés afin de pouvoir questionner les autres et s'interroger eux sur le sens de leur rapport les uns et les autres à la maladie mentale.

Cela sous entend que les unités fonctionnelles soient considérées à part entière comme des lieux de formation, donc prévoir du temps et des lieux pour que ces objets de réflexion et d'élaboration puissent se faire en cours de stages.

C'est au cadre infirmier d'être garant du dispositif mis en place avec les infirmiers qui participeront à l'encadrement des étudiants infirmiers.

Pour ce faire, des conditions doivent être réunies : moyens en temps, en lieu, en compétence, en effectif.

D'autre part, outre les lieux de stage qui sont à considérer comme lieux de formation, les structures de formation doivent offrir les mêmes exigences en temps, lieux, effectifs afin que la démarche de questionnement et d'élaboration pour développer le sens clinique soit une continuité dans ce système de formation conçu sur l'alternance IFSI --- > Unités de soins et vice-versa.

Mêmes exigences également pour les dispositifs en place et pour le travail de réflexion des enseignants.

Il est donc nécessaire de travailler de façon collective entre SOIGNANTS et ENSEIGNANTS, tisser ainsi des passerelles et des relations de travail constructives et enrichissantes.

2ème IDEE: L'UTILISATION DE CERTAINS OUTILS DE TRAVAIL :

Aujourd'hui des supports de travail existent ou sont en cours d'élaboration : démarche de soins - dossiers de soins - grilles d'évaluation etc... La question qui se pose est la suivante : quel est le rapport, en PSYCHIATRIE, entre la réalité des pratiques et ces outils plus ou moins imposés et dont la nécessité échappe très souvent aux uns et aux autres ?

L'utilisation de certaines grilles passe d'abord par une prise de conscience de l'idéologie sous-jacente qu'elles introduisent, elles doivent faire l'objet d'une critique objective afin de déterminer si on doit les utiliser telles quelles, les modifier, ou en créer d'autres.

Il est peut-être nécessaire, aux professionnels du soin en psychiatrie que nous sommes, d'avoir nos propres références d'évaluation. Nous avons là des avis à donner, voire des propositions à faire.

Concernant les grilles d'évaluation des étudiants-infirmiers en stage, il serait nécessaire de se concerter entre les équipes SOIGNANTES ET ENSEIGNANTES pour élaborer d'abord des critères puis un cadre commun d'évaluation.

EN CONCLUSION : Penser le soin, penser notre façon de soigner, penser formation cela renvoie à penser notre façon de former, autrement dit c'est s'interroger quant à notre implication tant dans nos pratiques de soins que dans nos pratiques pédagogiques.

Et s'impliquer c'est participer à promouvoir une formation originale où élèves, enseignants et infirmiers seront ensemble les acteurs d'une dynamique formative pour transmettre, recevoir et s'approprier le savoir faire d'une profession.

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Initiative:    Le groupe de réflexion bordelais
Le collectif National de mobilisation en psychiatrie (CNMP)
Le Centre d'étude des formations infirmières et des pratiques en psychiatrie (CEFI-PSY)